La violence envers les soignants : une réalité préoccupante et silencieuse

Bonjour à tous, et bienvenue sur notre blog, dans cet article, nous résumons la conférence que Yannick Gautier a donné lors du congrès de l’Association Suisse des Infirmières qui a eu lieu au Kursaal de Bern le jeudi 8 mai 2025.

Résumé : La violence en milieu soignant touche près de 66% des infirmiers, entraînant des traumatismes qui affectent leur santé mentale et physique. Ces blessures psychologiques peuvent être transformées grâce à des techniques neurologiques modernes, comme celles qui exploitent la neuroplasticité. Cette présentation propose des approches pratiques basées sur les avancées neuroscientifiques pour aider les soignants à surmonter le traumatisme vicariant et à renforcer leur résilience face aux défis du quotidien.

Yannick gautier congres ASI

Dans l’ombre des soins prodigués quotidiennement par les professionnels de santé, une réalité souvent ignorée persiste : la violence envers les soignants. Yannick Gautier, infirmier clinicien spécialisé en psychiatrie en Suisse romande, témoigne de situations concrètes et alarmantes, révélatrices d’une problématique encore trop sous-estimée.

Dès ses premiers jours en milieu psychiatrique, Yannick a été confronté à la brutalité de ces violences. Il évoque notamment l’histoire poignante de Stéphanie, sa collègue, victime d’une violente gifle de la part d’une patiente refusant une injection de neuroleptiques. Ce geste, apparemment banal aux yeux de certains, a marqué profondément Stéphanie, au point de contribuer à son départ prématuré de la profession après un diagnostic de sclérose en plaques, renforçant l’idée que la violence subie au travail affecte profondément la santé physique et mentale des soignants.

La violence physique prend parfois des formes encore plus dangereuses. Yannick raconte l’agression d’un infirmier-chef blessé à coups de fourchette par un patient psychotique lors d’une intervention médicale, un événement traumatisant passé sous silence au quotidien, mais dont les cicatrices sont autant physiques qu’émotionnelles.

Les violences psychologiques, bien qu’invisibles, sont tout aussi dévastatrices. Yannick décrit la situation de Julie, infirmière en pédiatrie, humiliée publiquement lors d’une certification professionnelle pour une erreur mineure. Elle s’est retrouvée totalement déstabilisée, en proie au doute et à l’épuisement professionnel, témoignant de la toxicité d’un environnement professionnel dévalorisant.

Le phénomène de mobbing, ou harcèlement moral, exacerbe ces violences psychologiques. Jean, infirmier clinicien, a vécu trois ans de calvaire après sa nomination à un poste de responsabilité perçu comme une « trahison » par ses collègues. Entre sabotages du suivi patient, isolement et critiques constantes, son quotidien professionnel est devenu un enfer, illustrant comment la violence institutionnelle peut détruire lentement mais sûrement la santé et la carrière d’un soignant.

Ces exemples confirment que la violence n’est pas limitée à la psychiatrie. Elle surgit dans les services d’urgence, les EMS et les soins à domicile.

Les sources multiples de la violence

Les sources de violence envers les soignants peuvent être classées en plusieurs catégories :

Sources biologiques :

  • Douleur non gérée
  • Troubles neurologiques
  • Intoxication ou sevrage

Sources sociales et environnementales :

  • Contextes familiaux conflictuels
  • Isolement social
  • Hospitalisation perçue comme une perte de liberté
  • Conditions de soins jugées dégradantes

Déclencheurs immédiats :

  • Attentes prolongées (notamment aux urgences)
  • Annonces de mauvaises nouvelles
  • Perception de menaces ou de restrictions

Facteurs psychologiques :

  • Frustrations
  • Anxiété intense
  • États confusionnels
  • Troubles de la personnalité

La violence entre soignants : une réalité méconnue

La violence n’émane pas uniquement des patients et de leurs proches. Elle existe aussi entre collègues et au niveau institutionnel :

  • Un infirmier promu clinicien subit trois ans de harcèlement moral (mobbing) par ses collègues qui vivent sa promotion comme une trahison
  • Une infirmière en pédiatrie se voit refuser une certification après une erreur mineure, remettant en question l’ensemble de ses compétences
  • Des directions qui mettent « des bâtons dans les roues » ou pratiquent une forme de chantage à l’emploi

Les conséquences du traumatisme lié à la violence

Un acte de violence peut engendrer un véritable traumatisme psychologique avec des répercussions importantes :

Conséquences psychologiques :

  • Flashbacks et souvenirs envahissants
  • Anxiété chronique et attaques de panique
  • Insomnies et cauchemars
  • Repli sur soi pouvant mener à la dépression
  • Crises de colère

Conséquences physiques :

  • Dérèglement du système neurovégétatif
  • Troubles du rythme cardiaque et tension artérielle
  • Problèmes respiratoires
  • Troubles digestifs
  • Tensions musculaires et douleurs somatoformes

Ces symptômes ne sont pas anodins. Selon les statistiques mentionnées, 80% des consultations chez un médecin généraliste seraient liées à un dérèglement du système neurovégétatif, souvent lié à des traumatismes non traités.

Mécanismes de défense face à la violence

Face à la violence, le cerveau met en place des mécanismes de défense pour se protéger :

  • La fuite ou l’évitement
  • L’attaque (réplique)
  • L’état figé (sidération)
  • Le déni ou la banalisation (« ce n’était pas grand-chose »)
  • La généralisation (« ça fait partie du métier »)
  • L’autopunition et la culpabilité (« je l’ai peut-être cherché »)
  • Le refoulement (« je serre les dents et ça va passer »)

Ces mécanismes, bien qu’initialement protecteurs, peuvent à terme aggraver le traumatisme s’ils ne sont pas conscientisés et traités.

Vers des solutions concrètes

La conférence ne s’arrête pas au constat mais propose des outils pratiques pour faire face aux traumatismes liés à la violence :

  1. La cohérence cardiaque : Respirer 5 secondes sur 5 secondes pendant 5 minutes, trois fois par jour pour réguler le système neurovégétatif.
  2. Le tapping : Une technique simple de tapotements sur des points d’acupuncture, inspirée de l’EFT (Emotional Freedom Techniques), qui permet en quelques secondes de réduire l’intensité émotionnelle liée à un souvenir traumatique.
  3. L’alternance entre souvenirs agréables et désagréables : Ce va-et-vient aide à « défractionner » le souvenir traumatique et à réduire son impact émotionnel.

Ces méthodes, simples à apprendre et à appliquer, peuvent être utilisées immédiatement après un incident, mais aussi pour traiter des traumatismes plus anciens.

La violence envers les soignants constitue un véritable problème de santé publique qui mérite une attention accrue. Au-delà des mesures institutionnelles nécessaires pour prévenir ces situations, il est essentiel de doter les professionnels d’outils pratiques pour faire face aux conséquences psychologiques de la violence.

Reconnaître cette violence, briser le silence qui l’entoure et s’autoriser à chercher de l’aide sont les premières étapes vers la résilience. Des techniques simples comme le tapping peuvent aider les soignants à préserver leur santé mentale face à ces situations difficiles.

Parce que ceux qui prennent soin des autres méritent aussi qu’on prenne soin d’eux.

Conclusion

Yannick Gautier lance un appel fort à la prise de conscience collective : la violence envers les soignants doit être reconnue, prise au sérieux et traitée avec les outils appropriés, afin de préserver non seulement la santé des professionnels, mais aussi la qualité et la sécurité des soins prodigués aux patients.

Image de Yannick Gautier

Yannick Gautier

Souriez, la vie est belle.

Soyez doux avec vous-même

Créateur de l’Institut Gautier

Transformez les souvenirs douloureux avec la méthode TTD
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